Ku-Tambuka

La salle est quasi vide, les lampes éteintes. Toutes les lumières de l’extérieur viennent se rependre dans la salle, amenant ainsi de l’extérieur vers l’intérieur tous les mouvements des passants, des bruits visuels et des images sonores d’un monde parallèle qui défilent devant mes yeux, de l’autre côté des vitres. Le point de vue est très différent de ce que je connais de la ville. En ce moment-là, je n’ai qu’une envie : photographier, mais plus, écouter. Ecouter ce qui se dit de l’autre côté, de l’imaginer peut-être. Et dans cet effort de percevoir l’ailleurs m’est venu un mot Kutambuka (traverser) que j’ai décomposé pour donner Ku-Tambuka.

Le préfixe Ku introduit la notion de l’infinitif, de l’action. L’action de traverser. Ce mouvement physique mais plus mental d’aller vers un autre espace et en l’occurrence, l’autre côté de la vitre. Et on peut se permettre de ramener Tambuka à – traverse (ou traversée). Ainsi le titre porte une intention métaphorique d’un intérieur vide et d’un extérieur rempli. Et en me considérant personnellement comme cette salle d’exposition  vide et vidée de l’Institut Français, les influences politiques et idéologiques véhiculées par les médias et les réseaux sociaux (lumières du monde) deviennent très déterminantes dans la manière dont je pense le monde et dont je suis moi-même pensé par le monde, tout le monde.

Ces images deviennent donc des clés d’évasion, une invitation, mieux un prétexte assumé pour une nécessité de fiction, une traversée vers l’ (des) ailleurs possible(s).

Ku-Tambuka est, dans ce sens, un travail qui pose un regard critique sur la manière habituelle de regarder, de voir et d’écouter pour que, par l’acte mental et/ou visuel de Kutambuka, nous puissions créer des espaces d’évasion, de fiction dans un espace parallèle par le regard. Le travail part donc de cette envie de paroles, de discours.