Geste des dieux : une installation en duo avec Kabila Stéphane
Geste des dieux est un projet d’installation réalisé dans le cadre du projet tricontinental Quilombo organisé par le Centre d’art Waza (Lubumbashi) et Salts (Bâle) en 2021.
L’installation qui combine son, vidéo, cartographie et écriture : à travers une série de discussions avec différentes personnes (artistes, activistes, chercheurs, chefs traditionnels, conservateurs), le duo Joseph & Kabila met en dialogue de nouveaux récits sur la question de la gestion de l’environnement, questionnant ainsi le colonialisme vert. La pièce sonore porte les voix de plusieurs Africains et Occidentaux animés par la volonté de changer les récits face au Capitalisme qui ronge le monde depuis plus d’un siècle maintenant. Mais derrière cela, il y a une réelle volonté de raconter des histoires de résistance comme une perspective pour changer les récits autour des questions environnementales.
La question de l’occupation des terres a une place prépondérante dans cette installation-conversation où les artistes, à travers une vidéo métaphorique, portent un regard critique sur la terre en tant qu’Espace, Matière et Idée : Un espace où vivent des communautés aux savoirs indigènes très respectueuses de l’environnement, mais qui sont chassées de leurs propres terres au nom des politiques globales de conservation de la nature qui n’ont jusqu’à présent favorisé que la mise en œuvre d’un système capitaliste à travers l’exploitation touristique, minière, hydraulique, pétrolière et forestière par des multinationales occidentales. Cela renforce encore le pouvoir des dominants sur les dominés.

Geste de dieux est aussi une remise en question de la manière dont les frontières sont tracées. La façon dont les pouvoirs sont partagés et la façon dont les récits sont racontés. L’histoire de la cartographie ne peut éviter la question fondamentale des territoires. Comment les lignes affectent-elles la réalité de la vie des communautés locales ? Quels sont les conflits potentiels que les lignes peuvent produire ? Les réponses varient selon les cultures et les sociétés, mais ne peuvent être réduites à des fins pratiques : déplacement, localisation, gestion du territoire, exploitation des ressources, géopolitique, etc.








Le village de Kalera est situé à 10 372 mètres d’altitude. Le village se trouve entre deux parcs nationaux : Upemba et Kundelungu ; sur sa rivière, un barrage hydroélectrique est en cours de construction. Les projets potentiels de construction d’industries de meunerie dans la région et la réunification de deux parcs nationaux menacent la population locale de délocalisation. Les lignes sur les cartes changent. La ligne cartographique est un geste performatif de pouvoir qui crée l’espace plus qu’il ne le représente. Elle élabore un nouvel objet intellectuel dont les significations, les effets cognitifs et les usages potentiels ne résultent pas uniquement de l’addition des informations locales, des mesures et des références empiriques mobilisées dans sa genèse. Comment les cartes peuvent-elles entrer en dialogue avec les savoirs des communautés locales sur les pratiques ancestrales de conservation de la nature ?